Dubuffet & l'Art Brut - Du 23 juin au 25 septembre 2005

Une exposition audacieuse fait dialoguer pour la première fois des œuvres de Jean Dubuffet avec celles d’auteurs d’Art Brut. Le visiteur est invité à découvrir des créations du célèbre artiste français: de la série des Portraits (1947), du cycle de L’Hourloupe (dès 1962), ou certaines plus tardives appartenant aux séries des Mires (1983) et des Non-Lieux (1984). La présentation se déroule au sein même de l’espace qui abrite, depuis près de trente ans, la Collection de l’Art Brut dont Jean Dubuffet est à l’origine.

Jean Dubuffet, décédé en 1985, est un créateur au génie polymorphe, mais également l’inventeur du concept d’Art Brut. Le don à la Ville de Lausanne d’un ensemble d’œuvres réalisées par des artistes autodidactes, qu’il a réunies depuis 1945, a en effet permis l’ouverture officielle de ce musée unique en 1976.

Quel est le rapport entre l’œuvre de Jean Dubuffet et l’Art Brut? Entre Dubuffet créateur et Dubuffet collectionneur? Etanchéité ou plagiat? Malgré l’abondance des ouvrages et des expositions consacrées à Dubuffet d’une part, et à l’Art Brut d’autre part, leur relation n’a jamais été envisagée spécifiquement. Le propos de cette exposition, c’est d’abord de couper court aux rumeurs, de réunir les éléments du dossier, d’organiser une confrontation, de manière à pouvoir juger sur pièces plutôt que de préjuger.

Hostile à la création agréée, Dubuffet a défendu des positions radicales dans les années quarante: faire table rase des valeurs établies, tel était son objectif. Il s’est lancé dans une aventure créatrice personnelle et s’est engagé, à partir de 1945, dans la recherche de créations réalisées par des autodidactes, œuvrant à l’écart de tout système artistique, sans aucun désir de reconnaissance sociale. Il éprouvait l’intime conviction que l’art conçu dans l’autisme et l’autarcie contenait une inventivité fiévreuse, des plus exaltantes.

Son premier voyage de prospection s’est déroulé en Suisse où les recherches se sont avérées fort fructueuses. De nombreux médecins, artistes, écrivains et intellectuels lui ont prêté main forte dans son projet. Il se trouve que les œuvres de plusieurs créateurs suisses - Wölfli, Aloïse, Müller - ont constitué le noyau même des collections de l’Art Brut. Dubuffet s’est souvenu de cet accueil bienveillant lors de ses premières investigations. Il a ainsi envisagé la donation de son ensemble à la Suisse comme un juste retour aux sources. Pour le chercheur et théoricien de l’Art Brut, il régnait « en Suisse plus qu’ailleurs une disposition à aborder des productions d’art dépourvues de brevets, en toute fraîcheur du regard, en y faisant intervenir moins qu’on le fait ailleurs, les incidences de notoriété des auteurs, de prestige et de compétition ».

L’exposition, préparée en collaboration avec le museum kunst palast, à Düsseldorf, est présentée en Allemagne du 19 février au 29 mai 2005. Elle est accueillie par le Musée d'art moderne Lille Métropole, du 15 octobre 2005 au 2 janvier 2006.

Cette exposition est placée sous le haut patronage de M. Jacques Rummelhardt, Ambassadeur de France en Suisse.

Création

Une lecture-spectacle consacrée au célèbre texte de Jean Dubuffet, Asphyxiante culture, est présentée au sein de cette exposition. L’événement - une création originale proposée par Jacques Roman et Daniel Perrin - est soutenu par le Théâtre-Vidy Lausanne. La première a lieu lors du vernissage, le mercredi 22 juin à 20h, à la Collection de l’Art Brut. D’autres représentations se déroulent les 23, 24, 28 et 29 juin.