ART BRUT XXL - Du 28 juin au 22 septembre 2019


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Exposition de photographies grand format d’environnements d’Art Brut dans le parc du Château de Beaulieu, au sud du musée.

La Collection de l’Art Brut a saisi l’occasion de sa fermeture jusqu’au 17 septembre 2019, en raison de travaux liés, entre autres, à l’installation d’un ascenseur, pour proposer une exposition de photographies grand format dans les jardins du château de Beaulieu, du 28 juin au 22 septembre. Ces tirages présentent des « environnements » d’Art Brut de diverses régions du monde. Le terme renvoie à des architectures ou des installations situées, la plupart du temps, sur des terrains ou des jardins privés appartenant à des bâtisseurs autodidactes. Certaines d’entre elles sont cependant érigées sur des sites que ces derniers s’approprient de façon clandestine. Pour tous ces auteurs, la création est chevillée au corps et devient la compagne de toute une vie.

Les photographies sélectionnées proviennent de sources diverses. Elles sont d’une part issues de diapositives données au musée par Cynthia Carlson, Francis David et Beryl Sokoloff, photographes, et conservées aujourd’hui dans les archives du musée; d’autres appartiennent à l’association SPACES – Saving and Preserving Arts and Cultural Environments (Scott Miller, Willem Volkersz, Robert Foster). Cette organisation à but non lucratif est née en 1978 à Los Angeles sous l’impulsion de Seymour Rosen, un photographe reconnu et militant communautaire décédé en 2006. Il s’agit de la première institution à s’être consacrée à la documentation et à la sauvegarde des environnements d’Art Brut, d’abord sur la scène américaine, puis internationale. Il faut également mentionner les photographies plus récentes d’Hervé Couton, Mario Del Curto et Philippe Lespinasse, qui sont venues compléter cette sélection. Nous les remercions vivement pour leur soutien à ce projet, ainsi que Jo Farb Hernández, désormais à la tête de SPACES, et le festival Images Vevey.

Commissariat : Sarah Lombardi, directrice de la Collection de l’Art Brut, en collaboration avec Dominique Koch et Vincent Monod.

Les AUTEURS 

Le jardin de Bomarzo, situé près de Rome, fut créé au milieu du XVIe siècle par Vicino Orsini, seigneur de Bomarzo. Ce jardin extravagant, qu’il nomma son Sacro Bosco (son « Bois sacré »), réunit de grandes sculptures en pierre. On y trouve notamment La bouche de l’Enfer. Sculptée et creusée dans la roche, cette grotte en forme de visage, à la bouche grande ouverte, recèle une table et des bancs en pierre, sculptés par l’auteur.   

À partir de 1989, Richard Greaves (1952) a érigé dans une forêt de la Beauce, au Québec, des cabanes en bois à partir de granges abandonnées de la région qu’il démembrait et transportait sur le site. Ces « anarchitectures », aujourd’hui disparues, célébraient l’asymétrie et bannissaient l’angle droit, à l’image de La Cabane à sucre ou de La maison des trois petits cochons.  

Dans les années 1970, Josep Pujiula i Vila (1937-2016) a construit, dans une forêt proche du village espagnol d’Argelaguer, des structures en forme de labyrinthes et des tours de plusieurs dizaines de mètres de hauteur, à l’aide de branches de saule très malléables. En 2010, il a été contraint de détruire ses constructions sur ordre de la municipalité pour permettre le passage d’une autoroute. Mais il s’est mis à bâtir, un peu plus loin, un environnement tout aussi monumental avec les mêmes matériaux, ainsi que du ciment et des barres de métal que lui donnaient des ouvriers du chantier autoroutier. Ce site a finalement été préservé et classé par les autorités locales en 2014, après des années de luttes acharnées pour sa sauvegarde.  

Clarence Schmidt (1897-1978), maçon à Woodstock, dans l’Etat de New York, a consacré 12 heures par jour pendant 30 ans à la construction d’un ensemble architectural dans un parc. La bâtisse principale, avec ses multiples fenêtres, ses fragments de miroirs et ses 35 pièces, ressemble à un immense château de cartes. Édifiée en intégrant des arbres vivants comme supports, elle a entièrement brûlé dans un incendie. Ces photographies en sont l’unique témoignage. 

Les Watts Towers, de Sabato Rodia (1875-1965), maçon né en Italie et immigré en 1890 aux États-Unis, ont quant à elles pu être préservées in extremis grâce à des militants et artistes locaux qui se sont mobilisés en 1959 pour leur sauvegarde. Situé dans le quartier de Watts, dans la banlieue de Los Angeles, cet environnement est constitué de 9 tours dont la plus haute culmine à 33 m. L’auteur, qui a consacré 33 ans de sa vie à cette construction, se servait de barres en métal qu’il courbait après les avoir glissées sous les rails d’une voie ferrée située à proximité, ainsi que de béton, recouvert de coquillages et de mosaïques en vaisselle cassée ou en verre.  

Année après année, Leonard Knight (1931-2014) a enduit de ciment et de peinture colorée une montagne située à Niland, en Californie, en plein désert Mojave, là où il s’est installé en 1986 avec sa camionnette, rejoignant une communauté de marginaux. Baptisé Salvation Mountain (« La montagne du Salut »), l’environnement s’est écroulé une première fois, avant que l’auteur ne se remette à l’ouvrage, remplaçant le ciment par de l’adobe, beaucoup plus léger, et utilisant les litres de peinture qu’on lui donnait.   

De 1958 à 1985, Eddie Owens Martin (1908-1986), dit Saint EOM, a transformé la maison de son enfance de Buena Vista, en Géorgie (États-Unis) en temples et pavillons cerclés de murs et de totems peints de couleurs vives, dont les motifs évoquent des visages ou des mandalas. L’ensemble, baptisé Pasaquan, est dédié à sa religion personnelle, le « pasaquoyanisme ». Le site est préservé depuis son décès par la Pasaquan Society. 

Inspecteur de la voirie pour le département des travaux publics de la ville de Chandigarh, en Inde, Nek Chand (1924-2015) est l’auteur du Rock Garden (« Jardin de pierres »). Il en débuta la construction en 1958, sur un terrain situé en pleine jungle où, selon lui, un glorieux royaume aurait existé autrefois. Il l’a défriché, puis a accumulé pierres, briques et matériaux récupérés, afin de construire cet ensemble de deux hectares, peuplé de centaines de sculptures alignées en une suite de terrasses. En 1972, la municipalité a découvert cet environnement et exigé sa destruction pour y faire passer une route. Face à l’opposition des habitants, elle finira par contribuer à son développement, en soutenant financièrement Nek Chand. L’environnement a été officiellement reconnu en 1976 par les autorités ; il est aujourd’hui le deuxième site le plus visité d’Inde après le Taj Mahal.  

Raymond Isidore (1904-1964), dit « Picassiette », était balayeur dans un cimetière près de la ville de Chartres. A partir de 1937, il s’est mis à décorer sa maison de mosaïques en récupérant des débris de verre et de vaisselle cassée qu’il incrustait dans du ciment. Une fois la maison entièrement recouverte à l’extérieur comme à l’intérieur, il a édifié dans son jardin des enceintes et de petits autels, dont les motifs s’inspirent de la cathédrale de Chartres. Cet environnement a été sauvegardé par la municipalité. 

Un autre amateur de bris de vaisselle, Robert Vasseur (1908-2002), livreur de lait, a décoré du sol au plafond les murs extérieurs et intérieurs de sa maison située à Louviers, près de Rouen, avec l’aide de sa femme. Il se servait de vaisselle cassée et de divers coquillages. L’environnement, surnommé La Maison à la vaisselle cassée, ploie sous les mosaïques, l’auteur et le mobilier semblant se fondre dans ce décor surchargé.   

Maria Ángeles Fernández Cuesta (1950), dite « La Pinturitas », peint depuis près de 18 ans les murs intérieurs et extérieurs d’un restaurant désaffecté, situé en Espagne, sur le bord d’une route traversant le village d’Arguedas où elle réside. Ce support lui offre une surface de travail infinie, puisqu’une fois sa composition achevée, elle la recouvre d’une nouvelle peinture, et ainsi de suite, donnant corps à un univers pictural très graphique. Ici, les couleurs primaires dominent, et les corps et les visages cernés d’un trait se mêlent à des animaux et à des écritures.


Informations pratiques

Dates

du 28 juin au 22 septembre 2019

Vernissage public

vendredi 28 juin 2019, 18h30. Soirée festive, voir programme sous la page agenda

Exposition en plein air dans le parc du Château de Beaulieu, entrée libre

Accessibilité

L'exposition. ART BRUT XXL est accessible aux personnes à mobilité réduite.

Événement (s) associé (s)

  • Les Jardins de l'Art Brut - entrée libre - vendredi 28 juin 2019, 18:00

    VENDREDI 28 JUIN - LES JARDINS DE L’ART BRUT 2019, 7e édition